Historique du jumelage
Biesles-Nordendorf
L’absence d’ouvriers agricoles était préoccupante. Pour pallier un peu à ce manque, on a obligé les prisonniers de guerre à travailler dans les fermes ou dans les usines des environs. C’était évident qu’ils ne recevaient pas de salaire. A cette époque le travail agricole était physiquement très fatigant.
Est-ce que cela pouvait fonctionner dans ces conditions ? Ce n’était sûrement pas simple !
De chaque côté, la propagande de guerre avait créé des idées préconçues sur l’adversaire qui créaient peur et méfiance.
Anton Lunzner, un jeune Allemand en ce temps-là âgé de 15 ans, était employé comme ouvrier agricole à la ferme de M Ludwig Fuchsberger. Un jour, Karl Fuchsberger, le frère du propriétaire, était parti avec trois Français dans les champs pour finir des travaux. Anton était convaincu de ne jamais le revoir vivant, car il pensait que les Français voudraient le tuer. Il fut très étonné de les voir revenir totalement paisibles.
Au début les habitants de Nordendorf montraient beaucoup de réserve et de précaution envers les prisonniers de guerre.
Les trois Français à la ferme de Ludwig Fuchsberger étaient Pierre Bourcelot, André Lessertois et Max Guyot. Tous les trois étaient originaires de Biesles. Et ce sont eux, qui après 20 ans ont contribué en grande partie à construire le jumelage entre les deux communes.
En 1942 André Lessertois et Max Guyot sont envoyés à Augsburg pour y travailler comme métallurgistes. Pierre Bourcelot et d’autres sont restés à Nordendorf jusqu’à la fin de la guerre.
Après le travail journalier, tous les prisonniers étaient obligés de retourner dans un dortoir commun chez un certain „Guggenberger“ (l’ancienne brasserie, aujourd’hui le restaurant Miller) où ils devaient passer la nuit ensemble dans la salle du jeu de quilles. Au début, un ancien soldat allemand faisait le guet, après c’est devenu la tâche d’un habitant de Nordendorf. Mais évidemment c’était un peu ennuyeux et inepte et bientôt on oublia de surveiller. Lunzner raconte que M Guggenberger a même déposé la clé de la salle sur la fenêtre pour que les prisonniers aient la possibilité de s’éloigner. La peur avait disparu.
Au fil du temps, la méfiance diminua. Au contraire, lentement on découvrit le plaisir de se mettre ensemble tous les dimanches à la ferme de Ludwig Fuchsberger pour boire un coup, pour faire de la musique, pour chanter en commun et finalement aussi pour essayer de se parler. Cela n’était sûrement pas très facile. Mais entre-temps on a appris, l’un de l’autre, certaines expressions, des phrases et des mots de chaque jour.
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